Si la peinture est centrale dans mon travail, volume, vidéo et photographie viennent régulièrement proposer d’autres contours au réel qui me traverse. Je dilue, creuse, sature, épuise, trie, classe, souvent pousse à bout la matière, en quête d’une ontologie.

 

Tel un scientifique auscultant le plus petit, je scrute l’inaccessible, le microscopique, la beauté dans le grouillement de certains états. Les changements d’échelle sont autant de tentatives pour atteindre le noyau. Ces gestes s’ajoutent à la marche pour relier cheminement physique et mental dans un même mouvement; et à une pratique quotidienne du dessin dont je réalise ensuite des cahiers.

 

Un voyage symbolique fait partie intégrante de ma réflexion, en tant que levier de mise en crise et de création. Je le dis parfois voyage du héros ordinaire, à la mesure des tumultes internes et externes auxquels l'environnement semble soumettre celui qui cherche un ailleurs. 

 

Pour s'en jouer, plusieurs éléments essentiels à la partie rythment le parcours: pions, dés, cartes, terrain... Ils sont pour moi les attributs d’une vie qui se déploierait à la façon d’un parcours labyrinthique et organique. Les jeux proposés sont plutôt des anti-jeux ou des non-jeux: s’ils encouragent la circulation, les éléments sont souvent pipés, tordus, à l’envers, difficiles à manier... Disséminés dans l’espace, ils obligent le spectateur à se mouvoir à travers, au risque de leur marcher dessus. La quête de sens et la mélancolie sont au cœur de ces jeux qui n’en sont pas, ou plus.  

 

Ce voyage conduit aussi à revenir à la source d'étapes structurantes pour l'humain en devenir. Ainsi en est-il de l'enfance, que j'aborde par les poses et les grimaces qui traduisent l'insurrection enfantine en contre-attaque d’une situation non désirée. «En vrai», ces enfants voudraient dire non à être mis en pause… et l’absence surgit vite dans leur regard qui ne sait que faire d'un objectif sur eux. Cette enfance ouvre pourtant l’espace d’un adulte libre de jouer avec les étrangetés, détourner les mémoires et entretenir la curiosité depuis un vivant dont les perspectives sont renversées: micro-animaux dont l’échelle immerge le spectateur, formes anthropomorphes - voire céphalomorphes - qui garderaient un au-delà, gisant et cocons rappelant que notre matière toujours se transforme, prête à renaître autrement.


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Après plusieurs années d’un parcours autodidacte, j’ai décidé en 2021 d’intégrer une école des beaux-arts pour plonger au cœur de l’ébullition et mieux toucher les enjeux de la création contemporaine. Admise en 3ème année art au sein de TALM-Le Mans, j’ai été  reçue avec mention au Diplôme National d’Art. Mon atelier est à Paris.